Tous les articles par dg106264-ovh

L’agriculture face à la désinformation : un enjeu stratégique

Didier Heiderich & Gilles Delanoë – Mars 2025

Une profession exposée à la désinformation

L’agriculture est aujourd’hui au cœur d’une bataille informationnelle. Entre polémiques virales, campagnes militantes et diffusion de contenus biaisés, le secteur doit faire face à une remise en question constante de ses pratiques. Derrière cette désinformation, on retrouve des images sensationnalistes, des narratifs simplistes et des démonstrations pseudo-scientifiques, des études biaisées parfaitement marketées, diffusés massivement sur les réseaux sociaux et régulièrement reprises par la presse.

Le poids des narratifs biaisés

Les attaques contre l’agriculture reposent sur des mécanismes bien identifiés. Des vidéos sorties de leur contexte assimilent systématiquement l’élevage à de la maltraitance animale, les traitements phytosanitaires à des poisons systématiques, et l’agriculture conventionnelle à un modèle destructeur. L’idéologie prend souvent le pas sur les faits, réduisant un domaine complexe à des oppositions simplistes entre « naturel » et « chimique », « paysan » et « industriel ». Les mots font peurs et la peur fait vendre. 

La construction d’une défiance artificielle

Un des leviers les plus efficaces de cette désinformation repose sur des démonstrations pseudo-scientifiques, soigneusement mises en scène pour orienter l’opinion publique. Certains influenceurs et médias engagés produisent des tests biaisés visant à prouver la toxicité de certaines substances ou l’infériorité des pratiques agricoles modernes. Ces mises en scène exploitent le manque de connaissances scientifiques du grand public et créent un climat de suspicion généralisée. Hugo Clément en a fait son fond de commerce avec son média Vakita, créant parfois de toute pièce, sur la base d’une information simplifiée, des vidéos et articles polémiques qui amplifient la défiance envers les agriculteurs.

L’impact concret sur le monde agricole

Cette désinformation a des conséquences directes. Elle érode la confiance des consommateurs, influence des décisions politiques parfois déconnectées des réalités du terrain et fragilise la pérennité économique des exploitations. Les agriculteurs, déjà soumis à des contraintes économiques et environnementales fortes, doivent désormais consacrer du temps et des ressources à déconstruire ces narratifs trompeurs.

Admettre les limites et valoriser les efforts

Une communication efficace ne consiste pas à prétendre que tout est parfait. Le secteur agricole, comme toute activité humaine, comporte ses limites et doit en être conscient. Reconnaître les défis et les marges de progrès permet de renforcer la crédibilité du discours. Admettre, par exemple, que certaines pratiques nécessitent des ajustements ou que des recherches sont en cours pour améliorer la durabilité, montre une volonté de transparence et d’amélioration continue.

Les agriculteurs sont engagés depuis des décennies dans des démarches d’évolution, avec des efforts constants pour réduire les intrants chimiques, préserver les sols et optimiser la gestion de l’eau. Mettre en avant ces avancées, tout en acceptant d’expliquer les contraintes et les complexités, est une condition essentielle pour restaurer la confiance.

Vers une communication structurée et proactive

Face à cette situation, la réaction ne peut plus être ponctuelle ou défensive. L’agriculture doit structurer une communication proactive et continue, à l’image de ce que font des communautés comme FranceAgriTwittos. Plutôt que de répondre aux polémiques au cas par cas, il s’agit de prendre les devants en identifiant les enjeux sensibles et en diffusant un flux constant d’informations pédagogiques et factuelles.

Une communication efficace repose sur trois piliers :

  • L’anticipation : identifier les sujets sensibles et construire un discours clair avant que les polémiques ne surgissent.
  • L’explication rigoureuse : montrer concrètement les pratiques agricoles et expliquer les choix techniques.
  • L’engagement direct : dialoguer avec les consommateurs, répondre aux interrogations et corriger les idées reçues sur le terrain du débat public.

L’enjeu d’une reconquête de l’opinion

La lutte contre la désinformation agricole ne concerne pas seulement l’image d’une profession. Elle touche à des enjeux fondamentaux comme la souveraineté alimentaire, la transition agroécologique et la gestion des ressources. Laisser prospérer des récits erronés, c’est prendre le risque de décisions politiques et sociétales inadaptées aux réalités du secteur.

Dans un monde où l’opinion se façonne en quelques clics, le silence n’est plus une option. L’agriculture doit redevenir actrice de son propre récit, en s’appuyant sur des initiatives de terrain, des données rigoureuses et une stratégie de communication structurée. La vérité agricole ne peut se limiter à répondre aux attaques ; elle doit s’imposer par un discours construit, authentique, constant et crédible.

Décrypter et reconstruire, une stratégie pour regagner l’adhésion

Les opinions ne se transforment pas du jour au lendemain. Elles évoluent sous l’influence d’un ensemble de facteurs progressifs, souvent imperceptibles à court terme. Partant de ce constat, la reconquête des groupes d’opinion éloignés ne peut pas se limiter à une simple démonstration de faits ou à un affrontement d’idées. Il s’agit d’un travail de fond, structuré autour du « comment » plutôt que du « pourquoi », une reconstruction patiente des repères qui ont été érodés avec le temps.

Reprendre le fil de l’histoire, remonter aux événements déclencheurs qui ont façonné les perceptions et les méfiances, est une étape essentielle. Ce travail d’analyse ne s’arrête pas aux individus : il concerne l’ensemble des dynamiques collectives et culturelles qui influencent les décisions. Pour comprendre ces mécanismes, il faut changer de perspective, se placer de l’autre côté de la table, identifier les signaux faibles et saisir la logique qui sous-tend la construction d’un raisonnement.

Cette démarche nécessite une véritable ouverture : écouter sans juger, comprendre sans imposer, capter les préoccupations profondes et décrypter la hiérarchie des valeurs qui structurent un point de vue. Il ne s’agit pas de convaincre frontalement, mais de réintroduire une réflexion structurée, de proposer un cadre dans lequel un dialogue devient possible.

La clé réside dans une approche de proximité, menée par des communicants et des acteurs capables d’évoluer dans les référentiels culturels et sociaux des groupes à reconquérir. Cette reconquête exige du temps, de la rigueur et une réelle humilité. Les premiers signes de changement seront imperceptibles, mais il faudra savoir les détecter, les amplifier et les accompagner avec méthode. L’enjeu n’est pas seulement d’apporter des réponses, mais de rétablir un cadre de compréhension commun, pas à pas, pour permettre un retour progressif vers une adhésion raisonnée aux enjeux.

Le crépuscule du réel

Didier Heiderich – Mars 2025

Sommes-nous encore capables de discerner la réalité dans un monde où le virtuel s’infiltre dans chaque interstice de nos vies ? La frontière entre réel et virtuel s’efface peu à peu sous l’effet d’une dynamique irréversible alimentée par les technologies numériques. Nous vivons dans un univers où la perception supplante les faits, où les images et récits fabriqués deviennent plus convaincants que les preuves tangibles, plus esthétique que le réel. Nous passons progressivement d’une vérité alternative à une réalité alternative, où l’illusion devient la norme. Ce risque de non-retour est bien réel : lorsque la frontière entre le réel et le virtuel disparaît, il devient presque impossible de retrouver l’équilibre sans heurts.

Cette confusion généralisée impacte non seulement les entreprises et les marchés, mais aussi notre rapport quotidien à la vérité et à la confiance. Le brouillage du réel est devenu l’un des défis majeurs de notre époque. La prolifération des images, vidéos et informations fabriquées, rendue possible par des technologies de plus en plus performantes, fragilise les repères collectifs et pousse les sociétés vers un point de bascule. 

La dissolution de la réalité : un processus insidieux

L’économie, comme d’autres domaines, subit pleinement cette transformation. Les récits dominent les chiffres, et les mirages pèsent plus que les prévisions structurées, à l’image de chute de FTX, qui figurait autrefois parmi les principales plateformes de crypto-monnaies du monde.
Ce phénomène ne se limite pas à quelques cas emblématiques. Le développement de l’économie numérique repose sur des promesses et des projections, souvent déconnectées des réalités matérielles. Les plateformes numériques et les nouvelles technologies prospèrent grâce à des narratifs soigneusement élaborés, qui façonnent nos perceptions et conditionnent nos décisions. Cette économie narrative crée une illusion collective, rendant difficile toute remise en question avant que la réalité ne s’impose avec brutalité.

Les dirigeants, d’ordinaire rationnels et pragmatiques, peuvent se laisser entraîner par des projections démesurées et des courbes ascensionnelles infinies. L’euphorie d’un récit séduisant éclipse parfois les fondamentaux les plus solides. Et lorsque la vérité refait surface, c’est avec une violence d’autant plus forte que l’illusion était convaincante.

La technologie comme architecte de l’illusion

Les technologies de l’intelligence artificielle et des deepfakes ont considérablement amplifié ce processus. Aujourd’hui, un algorithme est capable de générer des vidéos hyperréalistes, des discours politiques fabriqués et des visages fictifs qui trompent même les experts. Ces outils, initialement développés pour des applications légitimes, sont devenus des armes de manipulation massive, utilisées notamment par des puissances étrangères. Le virtuel ne complète plus le réel, il le concurrence et le déforme.

Les deepfakes politiques, économiques et sociaux se multiplient. En période de tension internationale, une vidéo falsifiée peut déclencher des mouvements de panique, influencer des élections ou miner la confiance dans des institutions pourtant solides. Cette guerre de l’information, menée à coups de contenus générés par IA, pousse la frontière entre réel et virtuel vers un point de rupture.

Les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans ce brouillage. Leurs algorithmes, en privilégiant les contenus sensationnels et émotionnels, accentuent la confusion. Ce n’est pas la véracité qui compte, mais l’engagement. Le résultat ? Un glissement collectif vers une réalité alternative, façonnée par nos préférences et nos biais cognitifs. Dans notre métier qui est la gestion de crise, cette fracture créée de nouveaux paradigmes qui exigent d’imposer le réel face à une virtualité plus esthétique, plus prégnante et simplificatrice.

En 2019, une vidéo deepfake de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, avait été ralentie et modifiée pour donner l’impression qu’elle était ivre. Ce contenu, largement diffusé sur les réseaux sociaux, avait suscité une vague d’indignation et de confusion, nécessitant des interventions publiques pour rétablir la vérité. Cette situation illustre combien la frontière entre fiction et réalité est aujourd’hui ténue.

Vers un point de non-retour

Le risque de non-retour est réel. À mesure que les générations grandissent avec des contenus numériques omniprésents, leur rapport au réel se modifie. Les frontières entre authentique et fabriqué deviennent poreuses, et la confiance dans les faits s’érode. Cette dérive a des conséquences profondes, notamment sur les prises de décision collectives. Lorsque les récits remplacent les faits, la démocratie elle-même vacille.

Ce point de bascule est d’autant plus dangereux qu’il est insidieux. On ne réalise la gravité de la situation que lorsque les fondations s’effondrent. La confiance est un élément fragile : une fois ébranlée, elle est difficile à restaurer. L’effondrement de certaines cryptomonnaies, dont les valorisations reposaient sur des narratifs séduisants mais déconnectés des réalités économiques, illustre cette dynamique.

Des responsables politiques et économiques font face à des foules persuadées d’une réalité alternative. Peu importe les preuves factuelles : le récit a déjà gagné. Ces situations génèrent un sentiment d’impuissance et de vertige collectif.

La brutalité du réel

Mais le réel, lorsqu’il reprend le dessus, frappe toujours avec brutalité. Qu’il s’agisse d’un marché économique qui s’écroule sous le poids de spéculations infondées, d’un conflit géopolitique exacerbé par des fake news, ou d’une crise sanitaire où les données scientifiques finissent par s’imposer, la réalité n’offre aucune échappatoire. Le choc est d’autant plus violent que l’illusion semblait rassurante.

Le retour du réel est synonyme de désillusion. Face à cette perspective, la vigilance et la lucidité sont nos meilleurs alliés. La technologie n’est pas l’ennemie, mais son usage inconsidéré et son pouvoir de déformation doivent être encadrés.

Lorsque l’irréel s’effondre, il s’effondre totalement, laissant derrière lui un vide, un vertige collectif où tout ce qui semblait stable devient incertain. Ce moment est suivi d’une prise de conscience douloureuse : ce que nous croyions vrai n’était qu’un mirage. C’est alors que le réel s’impose, avec toute sa force brutale et implacable.

Le combat pour la réhabilitation du réel est, plus que jamais, un enjeu collectif. Il ne s’agit pas de rejeter la technologie, mais de réapprendre à l’apprivoiser. Car si nous laissons cette frontière s’effacer définitivement, nous perdrons ce qui fait de nous des êtres ancrés dans une réalité commune.

Comme l’écrivait Hannah Arendt : « Le sujet idéal d’un régime totalitaire n’est pas le nazi convaincu ou le communiste convaincu, mais celui pour qui la distinction entre fait et fiction, entre vrai et faux, n’existe plus. »

Les biais cognitifs en gestion de crise : les comprendre pour mieux décider

Article de Didier Heiderich – Octobre 2024

Cet article vise à sensibiliser sur l’importance de connaitre et de déjouer les biais cognitifs en gestion de crise, offrant des pistes pour une prise de décision avec plus de discernement.
Dans le tourbillon des crises, qu’elles soient naturelles, technologiques ou humaines, les décideurs sont confrontés à une pression immense pour agir rapidement et efficacement. Cependant, la prise de décision dans de telles circonstances est loin d’être simple. Elle est souvent entravée par des biais cognitifs, des tendances psychologiques innées qui façonnent notre réflexion et peuvent conduire à des erreurs de jugement. Cet article explore les biais cognitifs les plus courants en gestion de crise et propose des stratégies pour les atténuer.

Biais de confirmation : Le piège le plus courant

Ce biais nous pousse à privilégier les informations qui confirment nos croyances préexistantes, occultant celles qui les contredisent. En gestion de crise, cela peut mener à ignorer des signaux d’alerte cruciaux ou à persister dans une stratégie inefficace.

Stratégie d’atténuation : Encourager activement des points de vue divergents et analyser de manière critique toutes les données disponibles, même celles qui contredisent l’opinion majoritaire.

Biais d’ancrage : La première impression compte trop

L’ancrage nous rend dépendants de la première information reçue, influençant indûment nos décisions subséquentes. En temps de crise, un ancrage initial erroné peut dévier la stratégie de réponse sur une mauvaise trajectoire.
Stratégie d’atténuation : Prendre du recul pour réévaluer régulièrement la situation avec de nouvelles informations, permettant de corriger le cap si nécessaire.
Effet de cadrage : Le diable est dans le détail
La façon dont un problème est formulé peut drastiquement influencer notre décision. Un effet de cadrage négatif peut induire une aversion excessive au risque, tandis qu’un cadrage positif peut mener à un excès de confiance.

Stratégie d’atténuation : Examiner les situations sous différents angles et cadres pour obtenir une perspective plus équilibrée avant de prendre une décision.

Biais de disponibilité : Ce qui vient facilement à l’esprit

Ce biais nous fait surévaluer la probabilité d’événements récents ou marquants, ce qui peut déformer notre perception des risques réels pendant une crise.

Stratégie d’atténuation : S’appuyer sur des données et des analyses factuelles plutôt que sur des impressions ou des expériences anecdotiques.

Biais de sur confiance : L’excès de confiance peut être dangereux

La sur confiance dans nos capacités et jugements peut nous rendre aveugles aux risques et fermer la porte à des avis extérieurs précieux.

Stratégie d’atténuation : Promouvoir une culture de l’humilité et de l’apprentissage continu, en valorisant les retours d’expérience et les critiques constructives.

Biais de groupe : Quand l’harmonie l’emporte sur la raison

La recherche de consensus peut mener à des décisions médiocres si le groupe évite de confronter les réalités difficiles ou d’explorer des alternatives.

Stratégie d’atténuation : Instaurer des mécanismes de ‘défense du diable’ où des membres du groupe sont désignés pour contester les idées reçues et tester la solidité des plans d’action.

Biais de statu quo : La sécurité trompeuse du connu

Ce biais favorise le maintien de l’existant et résiste au changement, même lorsque la situation exige une adaptation rapide.

Stratégie d’atténuation : Encourager l’innovation et la prise de risque calculée, en reconnaissant et en récompensant les initiatives qui sortent des sentiers battus.

Biais rétrospectif : La sagesse de l’après-coup

Après une crise, il est facile de croire qu’on aurait pu la prévoir ou la gérer différemment. Ce biais peut fausser l’analyse post-crise et empêcher l’apprentissage effectif.

Stratégie d’atténuation : Adopter une approche systématique de l’analyse post-crise, en reconnaissant les limites de la prévisibilité et en se concentrant sur les leçons apprises.

Biais d’optimisme : L’espoir irréaliste

L’excès d’optimisme peut conduire à sous-estimer les risques et à négliger la préparation nécessaire.

Stratégie d’atténuation : Équilibrer l’optimisme avec une évaluation réaliste des défis, en se préparant à différents scénarios, y compris les plus pessimistes.

En somme…
La gestion de crise est intrinsèquement difficile, mais une prise de conscience des biais cognitifs et l’adoption de stratégies pour les contrer peuvent améliorer considérablement la qualité des décisions prises dans l’urgence. En développant une culture de la réflexivité, de l’ouverture et de l’adaptabilité, les organisations peuvent renforcer leur résilience face aux crises inévitables.

Naviguer dans l’incertitude : Stratégies de gestion de crise en univers complexe

Article de Didier Heiderich – Octobre 2024

L’incertitude est le compagnon de toute crise. Qu’elle se manifeste sous forme de catastrophes naturelles, de turbulences économiques, de conflits sociaux, de cyber attaque, de problèmes environnementaux ou de conformité, chaque crise est imprégnée d’inconnues. Gérer ces incertitudes est crucial pour atténuer les impacts négatifs et pour forger la voie à suivre. Pour y répondre efficacement, la compréhension de certains éléments clés tels que les biais cognitifs, la gestion de l’information et la réduction des incertitudes est essentielle. Voici un aperçu de stratégies clés :

1. Reconnaissance de l’incertitude :

Accepter l’incertitude comme un élément inhérent à la crise peut instaurer un état d’esprit qui favorise une réaction plus résiliente et adaptable. Nier ou minimiser l’incertitude peut mener à une préparation insuffisante et à des réponses inadéquates.

2. Communication transparente et fréquente :

Les informations exactes et actuelles sont la monnaie de la gestion de crise. Une communication ouverte sur ce qui est connu, ce qui est incertain et comment les informations sont adressées, peut aider à prévenir la propagation de la désinformation et à établir la confiance parmi les parties prenantes et éviter ainsi d’ajouter de l’incertitude à l’incertitude.

3. Gestion des biais cognitifs :

En période de crise, les décideurs doivent reconnaître et atténuer les biais cognitifs tels que le biais de confirmation (favoriser les informations qui confirment les croyances préexistantes) et l’excès de confiance (surestimation de la précision de ses propres prévisions). Une prise de conscience de ces biais peut favoriser une prise de décision plus équilibrée et objective.

4. Gestion de l’information :

En période de crise, il est crucial de mettre en place des systèmes robustes pour collecter, vérifier et analyser les informations. Cela comprend la discrimination entre les sources fiables et non fiables et la mise à jour continue des données pour informer les stratégies de réponse.

5. Réduction des incertitudes :

Bien que toutes les incertitudes ne puissent être éliminées, des efforts peuvent être faits pour les réduire. Cela peut impliquer des stratégies proactives telles que la collecte de données supplémentaires, l’engagement d’experts dans des domaines pertinents, et la mise en œuvre de technologies de modélisation et de prévision pour anticiper les résultats potentiels.

6. Prise de décision adaptative :

L’incertitude exige une flexibilité dans la prise de décision. Les plans doivent être révisables, avec des points de vérification réguliers pour l’évaluation et l’ajustement en fonction de nouvelles informations ou de circonstances changeantes.

7. Planification de scénarios :

Élaborer des scénarios multiples et divers peut préparer les organisations à différentes éventualités, même celles qui sont moins probables. Cette stratégie aide à envisager des réponses rapides et adaptées à mesure que la situation évolue.

8. Renforcement de la résilience :

La résilience organisationnelle et sociale peut être renforcée par des investissements dans les infrastructures, la formation, les chaînes d’approvisionnement diversifiées, et des protocoles d’urgence solides, créant un tampon contre les impacts des crises imprévues.

9. Apprentissage continu :

Post-crise, il est essentiel d’évaluer les performances, de tirer des leçons et d’ajuster les plans pour l’avenir. Cela crée un cycle d’amélioration continue, préparant mieux les organisations et les communautés pour les prochaines incertitudes.

En somme, naviguer dans l’incertitude en temps de crise nécessite une reconnaissance de l’imprévisibilité, une gestion réfléchie de l’information, une prise de décision consciente des biais cognitifs, et un engagement envers la réduction active des incertitudes. Avec ces stratégies en place, les organisations peuvent non seulement traverser des crises, mais en ressortir plus robustes et mieux préparées pour l’avenir.

Comment la diplomatie du blé russe menace la sécurité alimentaire mondiale

de Didier Heiderich

Cet article vise ainsi à identifier l’enjeu stratégique de la diplomatie du blé exercé par la Russie et quelles en sont ses conséquences dans un contexte de guerre avec l’Ukraine alimentée par des sanctions européennes. 

L’histoire le démontre, l’approvisionnement alimentaire, notamment des denrées de première nécessité, est un point sensible pouvant être utilisé comme instrument politique ou pire, comme « arme » de guerre. 

C’est notamment le cas pour la Russie qui a fortement développé son secteur agricole depuis les années 2000 et qui est depuis 2016, est la première nation exportatrice de blé. En deux décennies, la Russie de Vladimir Poutine a su faire de son blé, un levier diplomatique puissant et dont les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont grandement dépendants. 

Aujourd’hui, le conflit russo-ukrainien constitue une réelle menace pour la sécurité alimentaire mondiale les deux pays pèsent environ 30% des exportations mondiales de blé. 

Avec le pétrole, les denrées alimentaires instrument de domination des états

La mondialisation a eu pour conséquence une forte interdépendance entre les États. Ainsi, toute crise diplomatique peut avoir un impact direct ou indirect sur le commerce international. C’est très souvent le pétrole qui est mis en lumière. Mais outre l’or noir, il est important de se remémorer que les denrées alimentaires sont depuis longtemps tout aussi stratégiques et s’avèrent désormais être un levier diplomatique majeur. 

La communauté internationale suit de très près le conflit russo-ukrainien et s’attend, comme le soulignait Emmanuel Macron dès le 24 février, à des conséquences durables et profondes tant d’un point de vue économique et particulièrement énergétique. On oublie pourtant que la sécurité alimentaire tient également une place primordiale dans ce conflit et pourrait en être grandement affectée. 

Tensions alimentaires sur fond de guerre 


La Russie et l’Ukraine sont des exportateurs majeurs de grains et d’oléagineux. À elle seule, l’Ukraine représente 16% des exportations mondiales de blé, occupe la 5e place des plus grands exportateurs mondiaux et même la première place dans l’exportation d’huiles alimentaires. Si la Russie demeure la première puissance exportatrice de blé, l’Ukraine, baptisé « grenier à blé de l’Europe » trouve ses zones de production à l’Est notamment dans la région du Donbass qui produit à elle seule 40% du blé ukrainien. 

Les ambitions russes tendent donc le marché agricole et produisent une forte volatilité des prix. Les craintes que les cargaisons soient retardées ou même stoppées ont déjà provoqué une hausse record du cours du blé, suivi de près par le maïs. Mais ce ne sont pas les seuls secteurs puisque le colza, le soja, le tournesol voient également leur cours bondir au fur et à mesure que la guerre s’intensifie. 

La France, qui est également un pays exportateur, ne devrait pas être la plus affectée par cette crise, contrairement à l’Égypte qui importe 90% de son blé de l’Ukraine et de la Russie. 

Les pays travaillent activement pour diversifier les sources et de nouveaux appels d’offres viennent d’être lancés par l’Égypte, la Jordanie, mais également la Corée du Sud et le Japon. 

Se tourner vers l’Union européenne et les États-Unis serait une option envisageable, mais pose sur le long terme la question des limites des stocks alimentaires. La question se pose déjà  pour le maïs importé en Europe dont la moitié provient d’Ukraine. Si cette dernière ne parvient plus à sortir sa production annuelle de 23,5 millions de tonnes de maïs – il ne lui reste actuellement que 9 millions de tonnes en stock (25/02/22) – peu de pays pourraient prendre le relai. 

L’autre secteur clé de ce conflit est celui des potasses. En effet, la Russie ainsi que son voisin et allié le Belarus représentent chacun 20% des exportations mondiales de potasse. Ce fertilisant. À titre d’exemple, l’agriculture brésilienne en importe jusqu’à 95%. Selon les décisions politiques et sanctions infligées à ces pays, la solution de se tourner vers des pays exportateurs secondaires serait plus difficile. En effet, le secteur de la potasse est bien plus fermé que celui du blé et son scénario d’avenir pourrait être aussi aléatoire que celui du maïs. 

Les « routes du blé » également affectées

Outre le secteur agricole, c’est celui du transport qui peut être sérieusement affecté par ce conflit. En effet, si Moscou envahit l’Ukraine, sous couvert d’ambitions politiques et idéologiques, elle sait également pertinemment les conséquences qu’auraient les prises de contrôles des infrastructures logistiques sur le contrôle du transport des marchandises. 

La prise de l’Est de l’Ukraine où se situe la majorité des zones de production de blé ukrainien par la Russie permettrait à Moscou de contrôler un tiers du marché́ international du blé. Cette région est également importante pour sa géographie ainsi que pour les ports de Berdiansk et Marioupol sur la mer d’Azov. Représentant à eux deux 20% des exportations ukrainiennes, les navigations dans ces ports étaient déjà̀ rendues difficiles avec, outre des exercices militaires, des contrôles de plus en plus fréquents par les autorités russes. Ces contrôles s’effectuent au niveau du détroit de Kertch séparant la péninsule de Kertch en Crimée, aujourd’hui contrôlée par les Russes, et celle de la péninsule de Taman en Russie. Reliant la mer d’Azov à la mer Noire, ce détroit est un point important dans les exportations ukrainiennes. 

Le 2 mars 2022, les troupes russes ont conquis les côtes ukrainiennes de la mer d’Azov faisant de celle-ci une mer intérieure russe. La stratégie tend désormais vers le port stratégique  d’Odessa. Suite à la prise de contrôle de la ville de Kherson le 3 mars, ce port, plaque tournante du transport de marchandises, se trouve sérieusement menacé. En s’emparant du premier port d’Ukraine, Moscou contrôlerait la majorité des flux maritimes ukrainiens et étendrait sa domination sur la mer Noire. Cette dernière a toujours été source de rivalité entre les nations, et à une importance cruciale tant sur le plan économique que militaire. Il est donc possible de distinguer un double enjeu dans le conflit russo-ukrainien. 

Les moyens de porter atteinte à l’Ukraine et à ses défenseurs sont multiples. La Russie le sait et, quelle que soit l’issue du conflit, elle ne se retiendra pas d’utiliser, en plus de ses munitions et de ses hydrocarbures, son blé comme arme géopolitique pour assouvir sa domination. Mettre en péril la résilience alimentaire serait toucher à l’ordre public et pourrait facilement mettre un État à genoux, une leçon que l’Histoire nous a si souvent rappelé. 

Quel avenir pour le marché du blé ? 

Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie chamboule les marchés tels que celui du blé, les États réfléchissent activement à des solutions. En effet, des réserves de blé ainsi que des relais sont présents – pour l’instant- et le premier problème concerne la logistique. Du fait de la prise en cours des ports ukrainiens par la Russie, les céréales ne peuvent plus sortir de l’Ukraine par voie maritime. La mer Noire, autrefois indispensable aux flux commerciaux, est aujourd’hui paralysée.

La question qui se pose actuellement pour les pays dépendants du blé ukrainien et russe porte sur les nouvelles alternatives capables de répondre à la demande. 

Tous les pays ne sont pas affectés de la même manière par la hausse-record du cours du blé et sa disponibilité à court terme. Certains pays qui produisent peu de blé tel que la Hongrie, craignent une pénurie, ont annoncé l’arrêt de leur exportation de blé. 

D’autres limitent les exportations tel que l’Ukraine qui, par le biais d’un décret communiqué le 6 mars 2022, a annoncé qu’une licence décernée par les autorités serait nécessaire pour exporter plusieurs denrées alimentaires dont le blé. Des quotas sont également instaurés sur l’exportation de bétail, de sucre, d’avoine, de sarrasin, de millet et de seigle. 

La menace est plus forte pour les pays dépendant grandement des exportations de la mer Noire. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient en sont les premières victimes. Certains États tels que la Maroc possèdent des stocks alimentaires de plusieurs mois mais qu’adviendra-t-il après ? L’Algérie se tournera probablement vers la France, son ancien fournisseur de blé qui par sa proximité géographique peut se pérenniser sur le long terme comme fournisseur majeur de blé en Algérie. 

Ce qui est certain, c’est que nous pouvons nous attendre à un déséquilibre mondial, un prix du blé qui va monter de façon erratique, et une géopolitique du blé, particulièrement  menée par la Russie qui utilisera cette arme dans sa stratégie d’influence. 

Mais face à l’incertitude, le risque d’un « chacun pour soi » est bien réel et nous pouvons craindre des émeutes de la faim dans le mois à venir.

Nous sommes devenus intolérants au risque

Interview de Didier Heiderich, président de l’Observatoire International des Crises

 Hors série – novembre 2021-abécédaire des institutions – Risques majeurs : les prévenir, les gérer

Que dit la notion de risque de l’évolution de nos sociétés ?

Les avancées sociales scientifiques et technologiques du XXème siècle ont conforté la croyance dans une modernité qui serait nécessairement synonyme de progrès. Mais les grandes atten­tes nées de cette lecture idéale de l’Histoire ont commencé à s’effriter avec la chute du mur de Berlin. Mondialisation et réchauffement climatique ont accéléré le pro­cessus de désenchantement collectif. Aujourd’hui, la foi dans le progrès a cédé la place à l’expression de nouveaux doutes, de nouvelles peurs, de nouvelles suspicions et aussi de nouveaux risques. 

Le risque a-t-il pour autant augmenté ?

La question des risques est indissociable de leur perception. Il ne fait aucun doute que le niveau de confort et de sécurité des citoyens a considérablement augmenté en l’espace d’un siècle.

«  Les entreprises sont loin d’avoir une approche globale du risque. »

Seulement, en nous libérant des grandes contraintes jadis imposées par la nature, nous sommes devenus intolérants au risque. Ce, alors que nous devons composer avec un futur incertain, imprévisible, que nous voyons comme porteur de risques de plus en plus menaçants. Au point de créer une confusion entre risques réels, risques “prétextes” et risques “chimères”. Le risque semble plus présent que jamais. Il est plus mondialisé, plus complexe et plus insaisissable, donc plus difficilement contrôlable. D’une certaine manière, on peut dire que notre société est devenue malade du risque. 

Une société malade du risque, est-ce aussi une société qui développe la culture du risque ?

Je pense au contraire que la culture du risque s’est affaiblie. Aujourd’hui, si une sirène publique sonne, qui saurait comment réagir ? La réglementation est certes de plus en plus stricte, les mesures préventives de plus en plus nombreuses, mais il demeure d’importantes carences en matière de sensibilisation de la population. Les élus également peinent à se mobiliser. Et certains industriels rechignent à agir pour éliminer des risques qu’ils connaissent pourtant parfaitement. De manière générale, si les entreprises sont de plus en plus demandeuses de conseil et d’accompagnement en prévention et gestion de crise, elles sont encore loin d’avoir une approche globale du risque.

Comment expliquez-vous ces freins ?

Certains risques bien réels demeurent abstraits. Même si les effets du réchauffement se font ces derniers temps brutalement ressentir, le risque climatique reste assez spéculatif dans les consciences. Les projections des climatologues, souvent étalonnées sur des temporalités assez lointaines (2030, 2050) n’ai­dent sans doute pas à donner au phénomène sa dimension concrète. La perception du risque se nourrit en outre d’un certain nombre de biais cognitifs. Par exemple, les risques qui semblent les plus “visibles” effacent les autres, même si ceux-ci sont au moins aussi présents. Enfin, Il y a une perte de confiance dans la modernité et ses institutions. Dans l’État, l’école, la science, les experts. Dès lors qu’on est concerné par un risque, on en devient d’une certaine manière un expert légitime. On l’a vu avec la crise de la Covid, chacun a eu son mot à dire, l’épidémiologie est devenue une opinion. C’est la porte ouverte à toutes les confusions et à une forme de déresponsabilisation.

Septembre 2021, les agriculteurs face aux changements

Les agriculteurs face aux changements : une évolution marquante !

Après ses 2 premiers baromètres – l’impact de la crise sanitaire sur les agriculteurs printemps2020 / L’insécurité lié à l’agribashing hiver2020 -, Qasar révèle son 3ème baromètre portant sur la vision que les agriculteurs ont de leur avenir et plus particulièrement sur leurs attentes envers leurs fournisseurs.

Avec plus de 500 interviews administrées en méthode CATI* en juin 2021, la vague 3 du baromètre QASAR fait tomber les idées reçues !

  • sur les nouvelles priorités des agriculteurs 
  • sur leur autonomie envers leurs fournisseurs 

Les priorités pour une majorité d’agriculteurs deviennent :

  • le changement des pratiques culturales face au dérèglement climatique : pour 48% d’entre eux
  • l’adaptation à la pression des consommateurs : pour 39% d’entre eux
  • la digitalisation de leur métier : pour 39% d’entre eux

  • la baisse des intrants conventionnels et la progression du bio : pour 29% d’entre eux
  • bien entendu, sans surprise, toujours la défense de la rémunération : pour 51% d’entre eux

Et c’est une surprise, même s’ils sont et souhaitent devenir plus autonomes, ils veulent également être plus impliqués dans la stratégie de leur coopérative et recherchent aussi plus de conseils à haute valeur ajoutée auprès de leurs technico-commerciaux.

  • La plus grande autonomie des agriculteurs : pour 40% d’entre eux
  • Nous accompagner encore plus fort du point de vue du conseil : pour 45% d’entre eux

*CATI : computer-assisted telephone interview

Toutes les informations sur le site de Qasar : https://www.qasar.fr/barometre/

Mai 2021, Le regard surpris et étonné des Français sur les réalités de l’agriculture de leur pays

A l’occasion de la semaine de l’agriculture, BVA, le Crédit agricole et #AgriDemain ont réalisé une enquête pour faire le point sur l’image des agriculteurs auprès des Français et la manière dont celle-ci a évolué depuis la dernière enquête de 2015

Les communications et prises de paroles engagées par les agriculteurs pour expliquer la réalité de leur métier portent leurs fruits :
71% des Français ont une très bonne opinion de l’agriculture alors qu’ils n’étaient que 59% il y a 6 ans. Et 77% reconnaissent que les agriculteurs ont joué un rôle plutôt ou tout à fait essentiel pendant la crise du Covid.

Une agriculture qui répond de mieux en mieux aux attentes de l’opinion…
52% des Français considèrent que l’agriculture a connu une évolution positive au cours de ces 5 dernières annéesCircuits courts, qualité sanitaire, prise en compte de l’environnement dans les modes de production, bien-être animal et suivi sanitaire des animaux… Une large majorité de Français (60% et +) considère que toutes ces dimensions ont évolué en bien en 5 ans.

…en particulier dans le domaine de l ‘environnement :
Alors que les agriculteurs se sentent parfois interpellés dans leur façon d’exercer leur métier, ce sondage montre qu’une large majorité des Français reconnaît leur rôle dans la bonne préservation du territoire et considère qu’ils se soucient pleinement des effets sur l’environnement et du respect de la biodiversité lors du choix de leurs modes de production. Ainsi, 6 Français sur 10 , considèrent aujourd’hui que les modes de production des cultures végétales sont conduits de manière raisonnée (+ 22 pts vs 2015) plutôt que de manière intensive (-20 pts vs 2015). S’ils ont le sentiment (à 54%) que les prix payés aux agriculteurs ont plutôt mal évolué au cours de ces 5 dernières années, 7 Français sur 10 croient dans les innovations pour arriver à concilier préservation de l’environnement et revenu correct pour les agriculteurs.

Mais une agriculture dont les réalités sont mal connues et étonnent les Français !
Même s’ils imaginent plutôt bien connaître le métier d’agriculteur, 59% des Français ont toujours le sentiment de ne pas connaître les modes de productions végétales ni les conditions dans lesquelles les animaux sont élevés pour 50%.
Quand on leur expose à 22 réalités  relatives à  l’agriculture et au métier d’agriculteur, une très large majorité (de 65% à 83% selon !) les ignorent, tant sur le plan des modes de production que du rôle des agriculteurs dans le domaine économique & territorial. Et se déclarent positivement étonnés par la plupart des informations qu’ils découvrent grâce au sondage !

D’ailleurs, si on leur en donnait l’occasion, 9 Français sur 10 aimeraient pouvoir échanger avec des agriculteurs. Ceci en les rencontrant sur leurs exploitations, lors d’achats en circuits courts ou aussi via les réseaux sociaux pour les plus jeunes.

De nombreux défis posés à l’agriculture pour les 10 ans à venir :
Préserver durablement la capacité à produire, assurer des prix garantis aux agriculteurs, distribuer au plus près des consommateurs, maintenir la qualité sanitaire tout en assurant la souveraineté alimentaire… 5 enjeux sélectionnés dans des proportions proches (entre 41% et 48%) par les Français lorsqu’on les interroge sur les défis de l’agriculture pour les 10 ans à venir.

Et s’ils  devaient choisir entre deux options :

  • Près de 8 Français sur 10 privilégieraient une agriculture qui assure la souveraineté alimentaire du pays plutôt qu’une agriculture compétitive à l’export.
  • 78% préfèreraient des produits alimentaires non Bio mais issus du local plutôt que des produits Bio importés.
  • Conscients des difficultés financières des agriculteurs, 73% seraient prêts à payer quelques centimes de plus pour avoir accès à des produits français plutôt que privilégier le meilleur prix quel que soit la provenance.

Des résultats qui témoignent de l’attachement des Français à  un modèle agricole et alimentaire résilient. C’est-à-dire à la fois durable dans sa capacité à produire pour assurer souveraineté alimentaire et  qualité sanitaire, davantage relocalisé et plus juste pour les agriculteurs.